smcdn.ca

Société d'histoire

Histoire des institutions de la Côte-des-Neiges

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

Le secret le mieux gardé de l'oratoire Saint-Joseph

Par Pierrette Trudel - juillet 2023

Avant de gravir le chemin de croix bien implanté sur le versant nord du mont Royal, nous allons prendre le temps de parler de la réserve naturelle du Père-Louis-Trempe. Cette dernière est située en bordure sud-est de l’Oratoire, derrière la basilique, en prolongement du parc du Mont-Royal, donc à Westmount. D’une superficie de près de 1,1 hectare (près de 11 000 mètres carrés), cet espace de verdure permet de conserver et de préserver le caractère naturel de ce boisé.

Note : :photo prise sur le site de l’oratoire Saint-Joseph : la réserve naturelle du Père-Louis-Trempe

Les terrains concernés appartiennent à l’Oratoire depuis les années 1940. Le statut de réserve naturelle en milieu privé, acquis pour 25 ans, pourra être renouvelé. C’est le fruit d’un travail de concertation avec de nombreux partenaires dont le gouvernement du Québec, la ville de Westmount, les amis de la montagne, le Bureau du Mont-Royal et Nature-Action qui ont permis à l’Oratoire d’acquérir le statut de réserve naturelle pour ce territoire. Située en plein centre de la ville, cette réserve est l’un des boisés les plus importants de Montréal, outre le parc du Mont-Royal. Nous y dénombrons plus de 900 arbres, de 20 genres différents et de plus de 26 espèces, ainsi que des arbustes d’une trentaine de genres différents. Cette réserve naturelle est également le lieu de résidence de plusieurs espèces animales qu’il est important de protéger. L’Oratoire est responsable de l’entretien de la réserve naturelle.

Une fleur en l'honneur du frère André : l'iris frère André

Note : : photo publiée par l'oratoire Saint-Joseph (X)

L’hybridation de cet iris a été réalisée par Madame Élaine Bessette qui tenait à honorer le saint religieux de sa famille. Les pétales de l’iris présentent les couleurs blanc, lavande et violet. Ses tiges peuvent atteindre une hauteur de 84 cm (33 pouces). L’iris offre parfois deux floraisons par année, une au début du mois de juin et une au mois de septembre. Les floraisons durent environ deux semaines. Nous retrouvons ces iris dans les plates-bandes de l’entrée piétonnière (elles vont revenir après les travaux), ainsi que devant la chapelle du frère André. L’iris du frère André est commercialisé depuis 2003.

Le jardin du chemin de croix de l'Oratoire

C’est en 1942, sur le versant nord du Mont-Royal, à l’est de la basilique, que sont entrepris les travaux d’aménagement d‘un jardin d’une superficie de 200 000 pieds carrés qui abritera un magnifique chemin de croix. Ce jardin fut achevé en 1958, soit 21 ans après le décès du frère André. Le cardinal Paul-Émile Léger inaugura le chemin de croix le 29 juillet 1951.

Il n’existait pas d’assise assez vaste sur la pente assez raide depuis la basilique pour accueillir le chemin de croix. Les artisans songèrent alors à rééditer une caractéristique des jardins suspendus de Babylone, c’est-à-dire ajouter une couche artificielle de terreau, accrochée au roc, ce qui permit d’établir un plateau artificiel d’une surface d’environ 175 000 pieds carrés, en plus d’offrir une vue dégagée et magnifique sur Montréal. Cet ajout donne malgré tout une superficie restreinte pour un projet de cette envergure. De l’entrée du jardin jusqu’au bassin de la Rédemption, la montée est de 400 mètres.

Les artisans du jardin et du chemin de croix

C’est l’architecte-paysagiste de renom Frédérick Gage Todd qui dessina le parcours à flanc de montagne et transforma ce site en un magnifique jardin garni de plusieurs variétés d’arbres, d’arbustes et de fleurs. Le Jardin du chemin de la croix compte à lui seul environ 380 arbres et de nombreux arbustes de plus de 20 genres différents, quatre boisés à l’état naturel, 60 variétés de vivaces et 20 000 plants de plus de 85 variétés de fleurs annuelles, mis en terre par l’équipe d’horticulture de l’Oratoire.  Les plantes et les arbres furent choisis avec précaution afin qu’ils se marient bien avec les sculptures du chemin de croix et résistent aux hivers québécois.

Le chemin de croix extérieur, tel que rêvé par le frère André, se devait d’offrir aux pèlerins un lieu de quiétude et de méditation. Dès le début du sanctuaire, à l’aube du XXe siècle, un chemin de croix avait été aménagé. Puis, en 1935, un chemin de croix en pierre remplaça les croix de bois rustiques.

De 1943 à 1953, le sculpteur montréalais Louis Parent créa les 42 personnages en plâtre, d’environ 9 pieds chacun, dans son atelier de l’Oratoire. Les statues furent ensuite sculptées en pierre naturelle de l’Indiana (États-Unis) par Ercolo Barbieri entre 1952 et 1958. Le chemin de croix compte les 14 stations traditionnelles auxquelles s’ajoutent l’Agonie dans le jardin de Gethsémani (à l’entrée), un monument de la Résurrection en marbre et un bassin, dit fontaine de la Rédemption, avec un agneau en bronze couvert de feuilles d’or (à la fin). L’agneau fut dessiné et coulé en bronze par Louis Parent et le monument de la Résurrection fut sculpté en marbre de Carrare également par Louis Parent. L’illumination des jardins fut confiée à l’éclairagiste Jean d’Orsay, qui déploya un savant réseau de circuits électriques souterrains.

Les jardins de Babylone

Note : la photo prise par Sylvain Rousseau représente la première station du chemin de croix traditionnel, la condamnation de Jésus. Elle est positionnée de telle façon que tous peuvent voir se dessiner la ville devant Jésus comme s’il dominait la ville.

La première scène que le visiteur rencontre à sa droite en entrant sur le chemin de croix, ne fait pas partie des 14 stations traditionnelles du chemin de croix, mais elle en est un prélude important. Elle nous montre Jésus qui se retire avec trois de ses disciples Pierre, Jacques et Jean au Jardin des Oliviers (photo à droite). Elle représente l’Agonie dans le jardin de Gethsémani (photo à gauche).

Note : : photos prises par Sylvain Rousseau sur le site du jardin du chemin de la croix de l’Oratoire

La résurrection

L'une des très belles stations est sans contredit celle illustrant la Résurrection. Les marches sont en granit et la sculpture, en marbre aux lignes pures et fluides. Cette station a été placée plus haut que celle de la Crucifixion, afin d’affirmer et d’illustrer que la vie domine la mort.

La fontaine de la rédemption

La dernière station est constituée d'une fontaine, appelée fontaine de la Rédemption. Cette dernière est aussi taillée dans le granit. On y retrouve l'Agneau de Dieu, coulé dans le bronze par Louis Parent. Cet agneau évoque le mystère de l’agneau pascal, Jésus mort et ressuscité.

Beau et sobre, ce jardin du chemin de la croix où se marient sculptures et nature est sans contredit le joyau de l’Oratoire. On n’y retrouve ni soldat romain, ni foule déchaînée, ni juge, ni couronne d’épines. Ce sont des sculptures épurées, sobres et magnifiques qui s’offrent à nous. Ces dernières portent à la réflexion et à la méditation, comme l’avait souhaité le frère André.

Note : : photo prise par Sylvain Rousseau sur le site du jardin du chemin de la croix de l’Oratoire

Le jardin du chemin de la croix de l’Oratoire demeure le plus impressionnant d’Amérique. Il est ouvert du premier mai jusqu’à la fin de semaine de l’Action de Grâce.

Références :

L’oratoire Saint-Joseph : Le jardin du chemin de la croix

Wikipédia : Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

L’oratoire Saint-Joseph : Nature

Voyage à travers le Québec : Jardin du chemin de la croix

Petite vidéo intéressante : Infolettre mai 2024 Oratoire Saint-Joseph

 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges : un lieu de paix et de culture

Par Sylvain Rousseau (texte et photos) - octobre 2023 (mise à jour octobre 2024)

La fin de semaine de l'Action de grâce est le meilleur moment pour visiter le cimetière.  Les arbres colorés s'enflamment sous les rayons de soleil de la fin d'après-midi qui éclairent horizontalement le flanc nord-ouest du mont Royal.  À chaque visite, je redécouvre ce lieu paisible, riche en histoire et inspirant, qui a contribué au développement de la Côte-des-Neiges.

En effet, plusieurs entreprises de fleuristes (ex. McKenna) et d’ateliers de taille de pierre (ex. ceux de Joseph et Émile Brunet) sont apparues à la suite de son inauguration en 1855. Le village de tanneurs et de cultivateurs de la Côte-des-Neiges est alors devenu progressivement un village d’artisans et de travailleurs du cimetière. Les champs environnants ont aussi commencé à se couvrir de fleurs cultivées par des jardiniers.       

Le cimetière regorge de monuments, dont plusieurs œuvres d’art inspirantes. Voici (photos) des œuvres de Joseph Brunet (granit) et d’Émile Brunet (bronze).

Par ailleurs, je suis impressionné par la réplique grandeur nature de la Pietà, située dans le mausolée du même nom (photo de gauche). L’original de cette œuvre, conçue par Michel-Ange, se trouve à la Basilique Saint-Pierre de Rome (photo de droite). L’impressionnante réplique locale a été fabriquée par Gianonni Ulderigo, à Pietrasanta, en Italie, près de Carrare, endroit reconnu pour la qualité de son marbre blanc. En 1498, Michel-Ange, pour mieux représenter la couleur de la peau, avait plutôt choisi un marbre de couleur crème qui provenait aussi d’une carrière de Carrare, en Italie.  

Wikimedia Common

Depuis 2012, le cimetière fait partie du site patrimonial du Mont-Royal reconnaissant la valeur historique et naturelle du mont Royal. Lors de son 375e anniversaire, la Ville de Montréal a décidé de souligner l’aspect culturel du cimetière en ajoutant une carte 3D, sept indices et cinq haltes permettant de découvrir ses paysages intérieurs. La carte 3D (maquette de bronze sur un socle de béton) est située près de la maison Simon-Lacombe, à l’entrée secondaire du cimetière (avenue Decelles). Les indices (petites colonnes inclinées) et les haltes (grandes ellipses) sont répartis dans des points stratégiques du cimetière pour en faire ressortir certains aspects de son paysage et de son patrimoine (photos).

De petites icônes grises localisées sur la carte interactive permettent d’identifier ces emplacements. Cette carte vous permet aussi de retracer le lieu de sépulture des 900 000 défunts qui s’y retrouvent. 

En 2004, il fut question d'un projet qui aurait mis en valeur la maison Simon-Lacombe pour en faire un centre d'interprétation. Cette maison historique est située à l'entrée secondaire du cimetière près de l'avenue Decelles. Joseph Henri Jarry dit Henrichon en aurait fait sa tannerie en 1751. Le bâtiment demeurera une tannerie jusque vers 1845 lorsque Simon Lacombe abandonnera ce métier après avoir eu des problèmes d'alimentation en eau à cause de son voisin en amont qui détourna le ruisseau. 

En parcourant les chemins de ce cimetière qui compte près d'un million d'âmes, on découvre des monuments qui nous font revivre l'histoire : l'obélisque des Patriotes et celle de Duvernay, la statue de Notre-Dame-des-Neiges et le monument à la mémoire des pompiers de Montréal. Plusieurs couronnes de fleurs au pied du monument des pompiers laissent croire que l'emplacement est un lieu actif de commémoration associé à la mémoire de ces êtres courageux.       

Au bout d'un chemin ou au pied d'un arbre, je redécouvre des personnages célèbres comme Louis Archambault et Emmanuel Briffa.   

J'ai déjà hâte à ma prochaine visite pour découvrir d'autres oeuvres, comprendre d'autres épitaphes et apprécier d'autres aspects de notre culture dans ce grand musée qui révèle l'histoire de nos ancêtres.   

Sources  

Photos par Sylvain Rousseau (sauf si contrairement indiqué) 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

L'histoire de la caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges (1948-2010)

Par Sylvain Rousseau - décembre 2023

Suite à l’initiative de la section Notre-Dame-des-Neiges de la Société Saint-Jean-Baptiste, la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges est fondée en 1948, avec le support de la paroisse et de toute la communauté locale. En avril de la même année, la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges a été bénie par son excellence Mgr Charbonneau.

 

À cette époque, le curé de la paroisse est Gédéon Sanche (1939-1951) (photo). Celui-ci croit tellement que ce projet sera utile au développement économique de sa paroisse et au bien-être financier de ses paroissiens qu’il va jusqu’à sacrifier son caveau à légumes du sous-sol du presbytère pour y accueillir le premier local de la Caisse populaire.

À l’origine, Charles-Émile Lavigne en fut le président, Jean Huberdeault, le directeur et Paul-Émile Saint-Laurent, le gérant. Mon grand-père, Antonin Rousseau, qui était comptable de formation, fut affecté à la commission de crédit. Ma tante Gertrude Rousseau devint employée de la Caisse et subit un vol à main armée en 1958, dans le local du presbytère (image).

 

Le chanoine Philémon Desmarchais (1904-1981) (photo) qui, au départ du projet, avait des doutes sur la participation locale, déclara 15 ans plus tard, dans l’album-souvenir de la Caisse populaire, que, de toutes les Caisses qu’il avait fondées dans la région de Montréal, c’est celle de Notre-Dame-des-Neiges qui a le mieux incarné cet esprit de famille et de coopération dont rêvait le fondateur même des Caisses, Alphonse Desjardins. Avec nostalgie, il se remémore les beautés de l’ancien village de Côte-des-Neiges que son grand-père cultivateur Paul Desmarchais (1828-1915) lui décrivait avec tant de passion.

Entre 1959 et 1967, la succursale de la Caisse populaire sera installée dans un bâtiment résidentiel de l’avenue Lacombe, au coin de l’avenue Gatineau (photo), là où se trouvait récemment le restaurant le Saint-Houblon. Le chanoine Desmarchais trouvait que cette résidence, par son allure, représentait bien l’aspect familial des coopérateurs du quartier.

On peut voir à l’arrière du bâtiment l’enseigne du restaurant Au Bouvillon qui finira par occuper l’ensemble de ces bâtiments au début des années 1970 (photo).

À l’intérieur, au niveau du rez-de-chaussée, un grand espace à aire ouverte (photo) permettait de recevoir les clients de la Caisse en évitant les files d’attente à l’extérieur, comme cela se produisait trop souvent à l’ancien local du presbytère.

L’engouement local favorisera la croissance de la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges qui ira jusqu’à ouvrir une succursale au Centre Maria-Goretti en 1962 avec, comme objectif, de développer l’éducation coopérative auprès des jeunes filles.

Cette croissance entraînera le déménagement de la Caisse populaire dans un local encore plus grand. Cette fois, on choisit un nouvel immeuble à étages du chemin de la Côte-des-Neiges, au coin du boulevard Édouard-Montpetit (photo). La caisse restera à cet emplacement de 1967 à 2010.

André Huberdeault, fils de Jean Huberdeault, en deviendra aussi le directeur pendant plusieurs années (photo).

En 1972, des discussions sont entreprises par l’école Polytechnique de Montréal pour y ouvrir une succursale de la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges. Vers 1976, l’école aura plutôt une succursale de la Caisse populaire Édouard-Montpetit (1971-1984) qui, elle, était située au centre communautaire de l’Université de Montréal (Pavillon J.A. DeSève).

Au début des années 1980, le nom de la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges changera pour Caisse populaire Côte-des-Neiges.

Aujourd’hui, le quartier est desservi par une succursale de la Caisse Desjardins des versants du Mont-Royal (Outremont), située au coin de l’avenue Decelles et du chemin de la Reine-Marie, à un emplacement qui a longtemps été occupé par le Café Campus.

Sources :

Album-souvenir 1948-1963 du 15e anniversaire de la Caisse populaire Notre-Dame-des-Neiges

Album -souvenir 1901-1951 du 50e anniversaire de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges

Revue Desjardins 1954 (août-septembre) : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2878915

Journal La presse 12 février 1958

BAnQ (le Polyscope et la gazette officielle du Québec)

 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

100e anniversaire du Centre hospitalier St. Mary

Par Sylvain Rousseau - avril 2024

L’Hôpital St. Mary est situé dans la Côte-des-Neiges depuis 1934, mais auparavant il était situé dans le bâtiment de la Shaughnessy House (photo) qui est devenu aujourd’hui le Centre canadien d’architecture.

 

La maison Shaughnessy était une résidence bourgeoise jumelée, de style Second Empire, faisant partie du Golden Square Mile. Construite vers 1875, elle servit de résidence à plusieurs barons du rail travaillant au Canadien Pacifique, dont William Van Horne (1843-1915) et Thomas Shaughnessy (1853-1923).  Ceux-ci ont habité la partie est du bâtiment qui est devenue l’Hôpital St. Mary à partir de 1924.  

 

La communauté catholique irlandaise de Montréal est à l’origine de la fondation de cet hôpital de 45 lits, il y a maintenant 100 ans. En 1934, l’hôpital déménagea dans ses nouveaux locaux du 3830, avenue Lacombe (photo). Il était alors le plus moderne en ville avec ses 178 lits. 

Lors de l’inauguration du nouveau bâtiment en 1934, le premier ministre Alexandre Taschereau (debout) prit la parole pour remercier tous ceux ayant pris part à la construction de ce nouvel hôpital. À sa gauche, assis de gauche à droite, on peut voir le maire Camillien Houde, M. T. Taggart Smyth, président du conseil d’administration de l’hôpital, Mgr Deschamps, évêque auxiliaire de Montréal et J. H. Dillon, membre du bureau de direction (St. Mary’s hospital – BAnQ).  

 

Tel qu’on peut l’observer sur la carte de 1940 (image), l’entrée principale de l’hôpital était située du côté de l’avenue Lacombe, alors que la chaufferie se trouvait à l’arrière.

Selon les informations disponibles sur leur site web, les Sœurs de la Providence (photo), qui remplacèrent les Sœurs Grises en 1943, seront responsables jusqu’en 1972 de l’école des sciences infirmières qui permettra de développer des soins hospitaliers pour cet hôpital. À cette fin, un nouveau bâtiment sera complété en 1950, puis agrandi en 1957. Entre 1971 et 1996, les Sœurs de la Providence quitteront progressivement les soins hospitaliers pour se consacrer à la pastorale.

Sur la carte de 1954 (image), on peut voir l’emplacement de la résidence des infirmières du côté de la rue Jean-Brillant. Sur la récente photo aérienne (page suivante), on voit ce bâtiment (toit blanc à droite) auquel deux ailes ont été ajoutées en 1957. Ce bâtiment est maintenant occupé par le Pavillon Hayes, un centre de recherche ayant remplacé l’institution d’enseignement.

En 1958, un agrandissement à l’arrière de l’hôpital incluant la salle d’urgence permettra d’augmenter la quantité de lits. Cette année-là, les Sœurs s’installèrent dans leur nouveau couvent, incluant une chapelle, accessible par le second étage de l’hôpital du côté est. Finalement, le pavillon D (aile ouest) sera ajouté, en 1969, du côté de l’avenue Légaré. Selon un rapport émis par le conseil du patrimoine de Montréal, ce nouvel aménagement permettra essentiellement de distribuer les 271 lits existants sur une plus grande surface en diminuant la quantité de lits par chambre pour améliorer le contrôle des infections.

Cette année, l’Hôpital St. Mary, maintenant appelé le Centre hospitalier de St. Mary, souligne non seulement son 100e anniversaire de fondation, mais aussi son 90e anniversaire de présence dans la Côte-des-Neiges. Cet hôpital communautaire est reconnu notamment pour la qualité de son groupe de médecine familiale universitaire qui offre des soins à la population locale. Plusieurs de nos ancêtres de la Côte-des-Neiges, dont mes parents, y ont passé leurs derniers jours. 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

Le collège Notre-Dame

Par Sylvain Rousseau - mai 2024

C'est en mai 1847 qu'arrivèrent à Montréal les premiers religieux de la Congrégation de Sainte-Croix. La congrégation regroupait des pères, frères et sœurs de Sainte-Croix. À leur arrivée, ils s’installèrent dans le village de Saint-Laurent. Quelques années plus tard, ils prirent la direction d’une première école, l’Académie industrielle, construite entre 1850 et 1852. Cette école deviendra le Collège Saint-Laurent en 1862, avant de devenir le CÉGEP Saint-Laurent actuel.

En 1848, à la suite de sa construction, l’Académie Saint-Joseph de la Côte-des-Neiges (photo) passa aux mains des religieux de la Congrégation de Sainte-Croix de Ville Saint-Laurent. Comme les commissaires de l'école ne pouvaient leur offrir le logement, les frères Aldéric et Antoine voyageaient matin et soir. Ils transportaient leur dîner et leurs livres entre le village de Saint-Laurent et l'école paroissiale située sur un plateau surélevé du mont Royal près de l'actuelle église Saint-Kevin.  Exténués par ces déplacements, ils abandonnèrent assez rapidement cette activité. 

Ancien hôtel Bellevue 1869 

De 1864 à 1882, ce furent les Frères des Écoles Chrétiennes qui prirent la relève de l'enseignement à cet établissement, alors que les Pères de Sainte-Croix se consacrèrent au développement d'un autre établissement de la Côte-des-Neiges, soit le Collège Notre-Dame.  L’ Académie Saint-Joseph déménagera à son emplacement actuel vers 1918 et s’appellera l’école Notre-Dame-des-Neiges à partir de 1931. Les Frères et les Sœurs de Sainte-Croix en assumèrent l'enseignement jusqu'en 1969, soit jusqu'au moment de la laïcisation du système scolaire québécois. 

C’est en 1869 que la congrégation s'installa définitivement dans la Côte-des-Neiges en achetant l’hôtel Bellevue (photo) pour fonder le Collège Notre-Dame. Le collège accueillit d’abord ses 24 premiers élèves, agés de cinq à douze ans, dans cet ancien hôtel, puis, afin de répondre aux nombreuses demandes d’admission, la première section d’un nouveau bâtiment fut construite en 1881 (photos), section qui existe toujours dans son lieu d’origine. Le Collège Notre-Dame devint alors la première grande institution de la Côte-des-Neiges avec un établissement à étages multiples qui dépassait, par son ampleur et par sa hauteur, la chapelle, l'école paroissiale et les plus grandes tanneries de la Côte-des-Neiges.  

Au cours des années suivantes, les membres de la congrégation continuèrent le développement du collège en construisant une chapelle, un scolasticat à l’arrière du bâtiment et des ailes supplémentaires vers l’ouest. Sur leur terrain, ils plantèrent des vergers, cultivèrent des jardins, aménagèrent un arboretum, construisirent des serres et installèrent un jeu de croquet.

 

Photo Sylvain Rousseau 2023

En 1870, le frère André (1845-1937) entra au noviciat du collège Notre-Dame, là où, pendant près de 40 ans, il fut portier. Encore aujourd’hui, au-dessus de la porte d’entrée de la section construite en 1881, nous pouvons voir un bas-relief de son portrait (photo).

À la fin du 19e siècle, comme le frère André commençait à être connu pour ses multiples guérisons, les Frères de Sainte-Croix achetèrent un terrain situé en face du Collège Notre-Dame pour assurer leur quiétude. Dès 1904, le frère André devint un point d’attraction. Une petite chapelle dédiée à Saint-Joseph sera érigée sur le terrain nouvellement acheté. La rumeur voulant qu’il pouvait guérir ceux qui se présentaient à lui attira de plus en plus de visiteurs.

La renommée de cet homme chétif, à la santé fragile, grandit de jour en jour. Certains, comme le docteur J. A. Charrette, le dénigrèrent en parlant de la religion du frottage et de ses soi-disant miracles avec de l’huile de Saint-Joseph. Cela n’empêcha pas les fidèles du frère André, de plus en plus nombreux, de venir frapper à sa porte. Les gens du quartier n’hésitaient pas à le consulter lorsque les remèdes achetés à la pharmacie Northmount du docteur Charrette ne donnaient pas l’effet escompté. La crypte-église fut inaugurée en 1917 pour mieux les accueillir. 

Sur la carte de 1940 (image), on peut voir l'agencement des bâtiments et du terrain du Collège Notre-Dame incluant l'ajout (au centre) de la dernière aile à l'ouest (1929) de couleur orangée. À gauche, tout le secteur ouest du terrain accueillait un jardin botanique. À droite, il y avait le Scolasticat Saint-Joseph en forme de « L » de couleur jaune et rouge qui permettait de former à l'enseignement les religieux ayant complété leur noviciat. Une aile de ce bâtiment contenait l'infirmerie provinciale. L'imprimerie (carré orange) se trouvait juste au nord du scolasticat. 

 

Sur la carte de 1954 (image), le jardin botanique est toujours en place, mais de grandes serres (en jaune) ont été aménagées près de la future rue Jean-Brillant. Le bâtiment adjacent d’entreposage servit par la suite d’atelier au frère Jérôme. On constate aussi que le bâtiment de l’imprimerie a été agrandi.

Sur cette photo (prise vers 1928), on peut voir le scolasticat en plein centre et les deux premières sections du  Collège Notre-Dame (1881- 1888). À droite, les nombreux matériaux de construction indiquent que l'aile ouest est probablement en construction.  Au centre, entre les deux maisons à pignons et le scolasticat, on observe un bâtiment carré dans lequel se trouvait l'imprimerie du Collège.  C'est probablement à partir de cet endroit que le père Paul-Aimé Martin commença à publier ses fiches de lecture avec la participation de membres de la Jeunesse étudiante catholique (JEC). Dès 1937, il proposera de vendre cette publication pour financer le scolasticat. Par la suite, il fondera la maison d'édition Fides.    

 

Scolasticat Saint-Joseph 1934    

 

Le frère Adrien Rivard fonda en 1931 les Cercles des jeunes naturalistes. Pour transmettre ses connaissances, il aménagea l'arboretum du Collège Notre-Dame qui fut inauguré en juin 1935 en présence du frère Marie-Victorin. Ce botaniste, devenu professeur à l'Université de Montréal, mentionnera dans son allocution qu'il rêve toujours à la création du Jardin botanique de Montréal dont le chantier ne commencera que l'année suivante. Lors de l'inauguration de l'arboretum (photo), l'échevin McKenna de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges, qui est un descendant d'une grande famille de jardiniers de la Côte-des-Neiges, soulignera que l'aménagement de cet arboretum lui rappelle les vergers qui couvraient jadis les terrains environnants.  

À la suite de l'aménagement de terrains de football du Collège et autres espaces de jeu, la superficie de l'arboretum a progressivement diminué. Cependant, il reste encore aujourd'hui un des secrets les mieux gardés du Collège Notre-Dame. Il s'agit du fameux jardin de rocailles qui existe toujours caché derrière les arbres longeant le chemin Queen-Mary à l'ouest du centre sportif (3799, chemin Queen-Mary). Dans un article de journal de 1949, on mentionne que le frère Adrien réussissait à y conserver des poissons rouges sous la glace pendant l'hiver (photo).    

 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

L'histoire de l'église Notre-Dame-des-Neiges

Par Sylvain Rousseau - août 2024

L’église Notre-Dame-des-Neiges, située sur le chemin de la Côte-des-Neiges, au coin de l’avenue Lacombe, a une histoire fascinante, qui est non seulement reliée à celle de la fondation de Ville-Marie en Nouvelle-France, mais aussi à celle d’un miracle survenu à Rome à la fin de l’Antiquité. Cette église fut bâtie en 1939 sur le lieu de l’ancienne chapelle du même nom qui était devenue trop petite et modeste. Sur cette photo, on voit bien l’église actuelle avec un passage qui permet de communiquer avec l’arrière du presbytère bâti en 1925.

 

Bien que cette église soit majestueuse, sa décoration intérieure, se distinguant par de belles boiseries, est sobre, ce qui permet de mettre en valeur le tableau magistral du peintre Chabauty représentant la légende de Notre-Dame-des-Neiges (photo). On y voit l’Apparition de la Sainte Vierge entourée de neige au sommet du mont Esquilin de Rome, le 5 août 358, pour indiquer à un couple de patriciens (en bas à droite) le lieu où ils pourront bâtir la nouvelle église Notre-Dame-des-Neiges (maintenant la Basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome). Du côté gauche, des religieux, incluant le pape Libère, analysent la scène de ce miracle. 

Le peintre a regroupé en un seul tableau cette légende représentée par Filippo Rusuti sur un mûr en mosaïque (1290) situé dans la loggia de la Basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. La vierge est accompagnée par son fils Jésus. Est-ce que Jésus représente le fils que le couple de patriciens n'a pas eu? Symbolise-t-il plutôt la naissance de l'église? En observant les arbres autour de la vierge, on peut aussi imaginer que le peintre a tenté de représenter cette scène sur le mont Royal afin de projeter la représentation de ce miracle dans l'environnement de l'église paroissiale de la Côte-des-Neiges, là où se trouve justement son oeuvre.         

Inspirée par cette histoire et sa grande dévotion envers Notre-Dame-des-Neiges, Marguerite Bourgeoys fit nommer ainsi une petite chapelle bâtie par les Sulpiciens, en 1681, dans une place fortifiée située près de l’endroit où Maisonneuve aurait planté sa croix lors de la fondation de Ville-Marie. Cette petite chapelle Notre-Dame-des-Neiges était située entre les deux tours sud du fort de la Montagne avant de disparaître à la fin du 18e siècle. Les deux tours existent encore sur le site du Collège de Montréal (image et photo).

En 1814, les Sulpiciens rebâtirent une nouvelle chapelle Notre-Dame-des-Neiges (photo) sur le chemin de la Côte-des-Neiges, juste à l’avant de l’emplacement de l’église actuelle.

Sur la photo suivante, prise autour de 1930, on peut observer la chapelle Notre-Dame-des-Neiges, à côté du presbytère actuel. On peut imaginer que la façade de l’église actuelle se trouve au niveau du couvent à l’arrière de la chapelle. Jusqu’en 1918, cette chapelle servait d’école paroissiale aux filles du village. Les Sœurs Grises, puis les Sœurs de Sainte-Croix enseignèrent dans des salles situées au sous-sol de la chapelle, ainsi qu’au rez-de-chaussée du couvent.

En 1918, avec la construction de l’école Notre-Dame-des-Neiges (anciennement l’Académie Saint-Joseph) située juste en face de l’église actuelle, les filles et les garçons furent regroupés dans un même établissement scolaire. Du côté nord, l’enseignement des filles était assuré par les Sœurs de Sainte-Croix, alors que du côté sud, ce sont les Frères de Sainte-Croix qui enseignèrent aux garçons.

Dans l’ancien couvent devenu vacant derrière la chapelle, une immense salle paroissiale, pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes, fut aménagée au rez-de-chaussée. À l’époque où cette photo a été prise, cette salle était décorée par des œuvres de Chabauty qui était le peintre de la famille Lymburner. Louis-Marcel Lymburner, qui habitait alors la superbe Villa Mont-Royal sur les anciennes terres de John Swail, fit don de ces œuvres à la paroisse pour en décorer la scène afin de lui donner un air de théâtre. C’est ce même peintre, adepte du marouflage, qui créera, vers 1940, le superbe tableau, œuvre principale de la nouvelle église, telle que décrite précédemment.

Un peu d'histoire

Les cultivateurs et les tanneurs de la Côte-des-Neiges étaient fiers de leur petite chapelle, mais, pendant longtemps, ils n’eurent pas de prêtre assigné en permanence dans leur petit village. Les Sulpiciens de la paroisse Notre-Dame leur affectèrent un desservant nommé Louis Colin, de 1862 à 1863. Puis, avec la fondation de la paroisse Notre-Dame-de-Grâce, en 1867, la chapelle Notre-Dame-des-Neiges fit dès lors partie de cette paroisse. Le curé, Napoléon Maréchal, commença à envoyer un de ses vicaires à la chapelle pour les messes de la fin de semaine. Par ailleurs, les grands événements comme les baptêmes, les mariages et les funérailles, qui s’étaient tenus à l’église Notre-Dame, pouvaient dorénavant se tenir à l’église Notre-Dame-de-Grâce.

Pour les amener à la chapelle, les vicaires de la paroisse Notre-Dame-de-Grâce pouvaient compter sur Joseph Doucet et Philomène Desmarchais qui avaient une petite maison de bois face à la chapelle. Joseph Doucet (fils) avait une calèche qui lui permettait, dès le vendredi soir, d’aller chercher le prêtre de la paroisse Notre-Dame-de-Grâce. Philomène Desmarchais (en blanc, assise à droite sur la photo) accueillait généreusement ce religieux dans une de ses chambres pour la durée de la fin de semaine. Puis, le dimanche soir venu, après les messes tenues à la chapelle, Joseph Doucet (au centre devant la porte sur la photo) raccompagnait le prêtre, dans sa calèche, à l’église paroissiale de Notre-Dame-de-Grâce.  

Ce n’est qu’en 1901 que Notre-Dame-des-Neiges deviendra une paroisse avec son propre curé, Léandre Perreault (photo). Les paroissiens aimèrent ce curé tant attendu autant qu’il les aima. On dit qu’on retrouvait sa photo dans chaque maison du village. Il contribua au développement de la vie sociale, culturelle et sportive du village. Il mit sur pied une fanfare et fit construire un petit kiosque pour les concerts publics, au coin de l’avenue Lacombe et du chemin de la Côte-des-Neiges pour les musiciens. Le dimanche après-midi après la messe, il encourageait ses paroissiens à assister à la partie de balle-molle de l’équipe du club Northmount, au terrain situé au coin nord-est des avenues Decelles et Jean-Brillant.

C’est le curé Albert Dufour (photo) qui, en 1917, fit aménager le campanile sur le coin de la chapelle afin d’y installer trois cloches plus puissantes (photo). Ce sont les paroissiens Joseph Lacombe (cultivateur), Félix Lavoie (épicier) et Pascal Sarrazin (cultivateur) qui firent don de ces cloches qui permettaient de donner plus d’éclat à cette petite chapelle en résonnant maintenant au loin, d’une voix plus puissante.  

En 1923, Alfred Nantel prenait la relève comme curé paroissial (photo). En plus de sa grande générosité, il est reconnu pour avoir fait construire le presbytère actuel, en 1925. Du balcon supérieur de sa nouvelle résidence, il disait avoir découvert le Canada tellement la vue était claire au loin vers l’ouest et vers le nord. Il disait même pouvoir y voir reluire les toits de Saint-Jérôme dans les Laurentides.   

En mai 1939, le curé Gédéon Sanche (photo de gauche) débutera le projet de construction d’une nouvelle église, planifié par son prédécesseur. Philippe-Auguste Lapalme était décédé prématurément après avoir été happé par un train du Canadien Pacifique. Le 8 octobre 1939, on voit le curé Sanche (au centre sur la photo de droite) qui assiste à la bénédiction de la pierre angulaire par l’évêque auxiliaire Mgr Alphonse Emmanuel Deschamps. En attendant l’ouverture officielle de la nouvelle église (photo du bas), le 1er mai 1940, on aménagera son sous-sol dès le mois de décembre 1939 pour y tenir des messes.

En 1999, le curé Gabriel Villemure a pu récupérer les cloches de l’église Saint-Eugène de Rosemont qui venait de fermer ses portes. Ces cloches avaient été fabriquées par la famille Bollée d’Orléans, en France. Les quatre cloches furent installées dans le clocher vide depuis 1939. En effet, un système de haut-parleur avait été installé pour en reproduire le son. Quelques membres de la Société d’histoire, dont Gilles Berger (avec la barbiche au centre de la photo), assistèrent à l’inauguration de cette installation.

Les quatre cloches ont porté des noms différents, à la suite les uns des autres. La première cloche (2070 livres, note de Fa), d’abord nommée Paul-Émile Léger, portera les noms de Pie XII, du cardinal Jean-Claude Turcotte, puis du pape Jean-Paul II. La deuxième cloche (1475 livres, note de Sol), d’abord nommée Marguerite Bourgeoys, portera par la suite le nom des marguilliers et du pasteur. La troisième cloche (1050 livres, note de La), d’abord nommée Marie-Anne, portera ensuite le nom de Jacques qui fit cadeau de ces cloches. Finalement, la quatrième cloche (600 livres, note de Si), d’abord nommée Jean Eudes, portera ensuite le nom de René qui réussit à obtenir ces cloches pour l’église (photo).

Cette cérémonie historique nous rappelle un peu celle de 1917 au cours de laquelle trois paroissiens firent don de cloches pour le campanile de la petite chapelle, qui était situé sur le coin de l’église comme c’est le cas du clocher actuel qui est cependant plus majestueux et en retrait du chemin de la Côte-des-Neiges.  

 

Jamais nous n’oublierons l’histoire de cette petite chapelle (image : aquarelle de la Côte-des-Neiges vers 1845) dont la fête patronale avait lieu le 5 août en l’honneur du miracle de Notre-Dame-des-Neiges à Rome. Cette date a toujours été conservée depuis pour la fête patronale de l’église actuelle. À la Basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome, lieu de la toute première église Notre-Dame-des-Neiges, on souligne cette journée en lançant des pétales de roses blanches pour symboliser la neige.

Sources :

 

 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site

Les chefs-d'oeuvre artistiques de l'oratoire Saint-Joseph

Par Élisabeth Chlumecky - octobre 2024

Depuis 2010, je guide des marches d’agrément. Je fais découvrir, aux adeptes de la marche, des attraits méconnus de l’île de Montréal. Ces promenades sont ponctuées de commentaires spontanés sur notre patrimoine naturel et architectural. Le « bonheur est dans la marche », affirmait Jacques Lacarrière, écrivain, helléniste et grand marcheur devant l’Éternel. Je désire faire connaître un art de la marche citadine, fait d’enthousiasme, de curiosité, de joie et de recherches personnelles sur l’art et sur l’histoire. La pratique de cette activité comble le corps, l’esprit et le cœur.

 

Mes explorations urbaines m’ont permis de découvrir l’incroyable richesse artistique de l’oratoire Saint-Joseph. Nous, les habitants de Côte-des-Neiges et ce noble sanctuaire, formons comme une sorte de vieux couple. Sous « les odieux effets de l’habitude » (Marguerite Yourcenar), nous ne voyons plus la… beauté de l’autre. L’Oratoire est visité par des millions de touristes chaque année.  Des plumes poétiques et amoureuses pourraient célébrer ses trésors artistiques (photo : chapelle votive) et les faire aimer davantage à tous ceux qui marchent avec indifférence devant le sanctuaire, sans même poser un regard sur lui.

L’été, par les chaleurs caniculaires, de nombreux visiteurs pourraient se réfugier dans la verte fraîcheur du jardin du chemin de la croix. Les plans du lieu ont été conçus par Frederick Todd. L’émouvante beauté du jardin rassérène les citadins coupés de la nature. La beauté parle « à l’âme en secret, sa douce langue natale » (Baudelaire). Cet architecte paysagiste a également conçu les plans de la Ville de Mont-Royal, inspirés du modèle de la cité-jardin. Frederick Todd appartient à cette noble famille de penseurs qui a cherché à créer des villes vertes et recentrées sur les besoins essentiels des êtres humains : Ebenezer Howard, Frederick Law Olmsted et William Morris. Ils affirmaient, par exemple, que tous avaient le droit à la décence de l’environnement (William Morris) et qu’il fallait créer des milieux urbains verts. Ils voyaient se développer, dans le sillage de la révolution industrielle, des mégapoles polluées trop rapidement et mal densifiées. Le Londres de l’époque de la révolution industrielle, noirci par la suie, surpeuplé et sans arbres, pourrait figurer parmi les cercles de l’Enfer de Dante. En ces temps de densification urbaine marqués par la disparition de nombreux petits espaces verts, faudrait-il revisiter l’œuvre de ces penseurs et s’en inspirer?

Quand je vais à l’Oratoire, j’aime contempler longuement les verrières de Maurice Plamondon et de Hebri Perdriau. Ce dernier a initié Guido Nincheri à l’art du vitrail.  Nous sommes nombreux à nous souvenir des filles d’Henri Perdriau, arpentant les rues de notre quartier. Les deux sœurs aimaient volontiers évoquer leur père et Guido Nincheri, véritable Michel-Ange montréalais qui a réalisé plus de 5000 verrières. À l’Oratoire, je m’attarde aussi devant les merveilleux éléments Art déco de la chapelle votive, éléments semblables à ceux qui ornent l’Empire State Building et la tour emblématique de l’Université de Montréal.

 

Je pense à ces géants de l’architecture qui ont participé à la création du sanctuaire : je pense à Ernest Cormier, à Lucien Parent et à Dom Bellot.  Même le souvenir de la fille rebelle de Lucien Parent, Mimi Parent, me revient en mémoire. On trouve un joli autoportrait de cette dernière au Musée national des beaux-arts du Québec.

Il y a tant de liens invisibles dans l’histoire architecturale de Côte-des-Neiges.  Tout me parle. Tout raconte une histoire. Tout devient passionnant. La vie de tout être humain est un roman.

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges abrite plus d’une trentaine de sculptures d’Émile Brunet. La maison de ce sculpteur se dresse encore devant le cimetière.  Je salue toujours mon ami Émile Brunet en passant devant sa demeure!   Je m’arrête aussi devant le bas-relief du Collège Notre-Dame représentant le frère André. Ce bas-relief est signé Alfred Laliberté.  

De mes marches d’exploration, je rentre chez moi reposée et comblée par ce que j’ai vu ou découvert. La médecine ne cesse de rappeler les bienfaits de la marche, la plus démocratique des activités physiques. La même question me revient souvent : mais pourquoi ne nous a-t-on jamais parlé, à l’école primaire ou secondaire, de l’intérêt patrimonial de l’Oratoire qui se situait tout près de nos écoles?

Certains visiteurs de l’Oratoire croient reconnaître, dans la basilique, des influences architecturales gothiques et même mauresques. Je ressens le même choc en pénétrant dans la basilique qu’en franchissant le seuil d’une église gothique européenne. Je suis… aspirée vers le haut, vers le ciel, vers le Mystère. Des notes d’orgue retentissent. Je suis… ivre de joie.

En me promenant aux abords de l’Oratoire, j’admire les œuvres de ces sculpteurs immenses que sont Alfred Laliberté et Émile Brunet. Au pied de l’Oratoire, une statue de Saint-Joseph et des figures allégoriques d’une étonnante modernité, œuvres d’Alfred Laliberté, accueillent les visiteurs. Devant la chapelle du Frère André, se dresse une sculpture d’Émile Brunet représentant le guérisseur célèbre, à l’origine de la construction de l’Oratoire.

L’enseignement de l’histoire de l’art pourrait figurer au programme scolaire. Moins de graffitis défigureraient peut-être les immeubles patrimoniaux, comme ces graffitis qui couvrent l’ornementation Art déco de l’ancienne gare Jean-Talon. Les jeunes pourraient découvrir, chez les artistes montréalais d’autrefois et d’aujourd’hui, les mêmes élans de cœur vers la justice.

Sources :

Collections du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ). Autoportrait au chat. Mimi Parent

Renaissance catholique no 223 – Dom Paul Bellot et la renaissance de l’architecture religieuse  

Chapelle votive de l’oratoire Saint-Joseph : https://boutique.saint-joseph.org/fr/allumer-un-lampion.html

 

Pour être avisé par courriel 

des nouveaux articles disponibles sur ce site