Société d'histoire
Gaston Hamelin est né le 26 avril 1916 dans le quartier Hochelaga à Montréal. Son père Lionel, dentiste, était originaire de Louiseville et sa mère Berthe Galaise venait de Montréal.
En 1932, il entre au noviciat de la Congrégation de Sainte-Croix, puis il débute dans l’enseignement au Collège Notre-Dame en 1936. Dès 1939, alors qu’il a vingt-trois ans, il deviendra professeur à l’école Notre-Dame-des-Neiges et résidera avec ses confrères dans l’aile sud de l’école.
En plus d’être professeur, Gaston Hamelin s’impliquera beaucoup au niveau des activités sportives pour les jeunes. Il sera entraîneur de plusieurs équipes de hockey et de balle-molle de la Côte-des-Neiges qui se distingueront à travers toute la ville de Montréal. Le frère Hamelin jugeait que le sport complétait bien l’enseignement car il permettait de développer le travail d’équipe et l’esprit de combativité.
Historiquement, la Côte-des-Neiges a toujours été un lieu privilégié pour les sports notamment au niveau des sports d’hiver. Encore aujourd’hui, certaines personnes du quartier peuvent assister de leur balcon à des compétitions cyclistes internationales autour du Mont-Royal (Les Grands Prix Cyclistes de Québec et Montréal).
Il faut se rappeler que l’école était divisée en deux: le côté sud (à droite sur la photo) était dédié aux garçons avec les frères Sainte-Croix alors que les sœurs de Sainte-Croix avaient leur résidence à l’extrémité de l’aile nord du côté dédié aux filles (à gauche sur la photo). Vers 1963, il y avait 6 frères (avec 2 employés) et 12 sœurs de Sainte-Croix qui demeuraient en résidence de chaque côté de l’école. À cette époque les confrères du frère Hamelin étaient les frères André Arseneault, Roméo Rivard, Joseph Sicard, Lucien Lévesque et Hubert Messier. La population d’élèves était alors de 445 après avoir atteint un sommet de 618 en 1955. C’est en 1968, que l’école deviendra mixte et qu’on brisera le mûr entre les garçons et les filles.
On se souvient aussi que le premier curé de la Paroisse Notre-Dame-des-Neiges (1901), Léandre Perreault, encourageait ses paroissiens à aller assister aux parties de baseball de l’équipe Northmount après la messe sur le terrain qui était alors situé du côté nord de l’intersection des avenues Decelles et Jean-Brillant.
Ainsi, le frère Hamelin a su inculquer à ses élèves le goût du sport et du dépassement dès leur plus jeune âge. Ils étaient fiers de porter le logo de leur école ou de leurs commanditaires du quartier (ex : épicerie Charles Lalonde, quincaillerie Gagné, pharmacie Miron, boucherie Groulx) sur leurs chandails de hockey ou de balle-molle.
Dès le début des années 1950, les équipes de la Côte-des-Neiges deviennent pratiquement invincibles. Sur cette photo, on peut voir le frère Hamelin fier de ses élèves qui ont remporté le trophée incluant le gardien Jean Goyer et René Lebuis devant le frère Hamelin. René Lebuis, père, était un admirateur du frère Hamelin et il n’hésitait jamais à l’aider, par exemple, en arrosant la patinoire par les froids soirs d’hiver. M. Lebuis suivra les traces du frère Hamelin en devenant lui-même entraîneur.
En octobre 1963, le journal Montréal-Matin souligne les succès des équipes de balle-molle de la Côte-des-Neiges dans les tournois de la Ville de Montréal et mentionne la générosité du frère Hamelin d’organiser des ligues de balle-molle dans toutes les catégories. On mentionne aussi le nom de René Lebuis comme l’entraîneur de l’équipe championne junior appelée «Les Bons Copains».
Les efforts du frère Hamelin permettront de développer des athlètes professionnels comme le futur joueur de hockey André Boudrias (Canadiens de Montréal et Canucks de Vancouver (1966-1978)) que l’on voit dans la première rangée qui tient le bâton de baseball à droite. René Lebuis, que l’on voit à droite avec le blouson reluisant, était l’entraîneur de cette équipe.
La prochaine photo nous montre l'équipe de baseball commanditée par la quincaillerie de Lucien H. Gagné située sur l'avenue Gatineau. La photo a été prise dans le coin sud-est de la cour de l'école Notre-Dame-des-Neiges. Monsieur Gagné se trouve au centre à côté du frère Gaston Hamelin. On aperçoit juste au-dessus de sa tête, derrière la clôture, l'écriteau de l'épicerie Charles Lalonde, un autre commanditaire impliqué dans les sports et loisirs de la Côte-des-Neiges.
Première rangée (de gauche à droite) : Boismenu, Michel Lebuis, Yves Bernard, Maurice Normandin, Yvon Lamoureux, Normand Crête, Jacques Cloutier, Bernard Tremblay et Jean Simard
Deuxième rangée (de gauche à droite) : Inconnu, Fecteau, Claude Brunetta, frère Gaston Hamelin, Lucien H. Gagné, Robert Brosseau, Gilles Mondou, Jacques Arsenault et René Lebuis (père)
L’année 1963 sera une année pleine de succès pour le frère Hamelin car il deviendra directeur de l’école Notre-Dame-des-Neiges jusqu’à la laïcisation de 1968. Ce sera aussi l’année où il fondera la Garde d’honneur de Notre-Dame-des-Neiges qui deviendra la fanfare les Vaillants de Montréal. Encore une fois, il réussira à canaliser l’énergie des jeunes vers une activité exigeant de la discipline et de la coordination. Je me souviens de cette fanfare qui pratiquait dans la cour d’école et qui parcourait les rues du quartier en s’arrêtant parfois devant une maison pour rendre hommage à un de ses habitants. Mon frère, qui y jouait de la trompette, portait fièrement son superbe uniforme rouge avec le V des Vaillants à l’avant.
Après le départ de frère Gaston Hamelin, les équipes sportives de Notre-Dame-des-Neiges perdront peu à peu leur identité, mais la fanfare des Vaillants continuera encore quelques années à parcourir le quartier comme on peut le voir sur la photo plus haut.
Le point culminant de l’histoire de cette fanfare fut très certainement son interprétation de la chanson «Alouette» à l’avant de la parade de la Saint-Jean de 1967 ainsi que plusieurs autres interprétations musicales dans le cadre de l’Expo 67. On voit d’ailleurs une photo de ce groupe à la place des Nations sur l’île Sainte-Hélène.
Dans l’album-souvenir du 70ième anniversaire de l’école Notre-Dame-des-Neiges (1918-1988), les anciens élèves Bernard Lebuis et Daniel Blondin témoignent de leur expérience vécue lors de la transition de l’administration religieuse à l’administration laïque en 1968-69. Ils disent que les paroissiens n’étaient pas d’accord avec le remplacement du frère Hamelin par un laïc comme directeur car c’était un grand homme. Il avait réussi à rendre l’école attirante pour les jeunes. Ils mentionnent aussi que le frère Hamelin dépassait son statut de professeur en gâtant ses élèves et les paroissiens de sa grande générosité. Pour eux, c’était une question d’enracinement culturel.
En 1973, avec la fermeture des classes de 7ième année, le frère Hamelin continuera à enseigner notamment avec le frère Lucien Grenier à l’école secondaire Saint-Luc.
À la suite d'une une crise cardiaque, le frère Gaston Hamelin nous quittait le 14 novembre 1975 à l’âge de 59 ans. Il aura passé la plus grande partie de sa vie à enseigner et à vivre à l’école Notre-Dame-des-Neiges. Au cours de ces 36 années, il a laissé sa trace en dynamisant la vie des jeunes garçons, en leur donnant de la fierté et surtout en leur transmettant de belles valeurs comme la générosité, la collaboration, la volonté et la joie de vivre.
Ce personnage humble et dévoué à la jeunesse de son quartier a vraiment marqué non seulement la vie des jeunes, mais aussi l’histoire de la paroisse. De plus, il a contribué au rayonnement de la Côte-des-Neiges à travers toute la ville de Montréal. En fait, son passage à l’école Notre-Dame-des-Neiges marquera à jamais les souvenirs et la mémoire de la Côte-des-Neiges.
Recherche et texte par Sylvain Rousseau avec la collaboration de René Lebuis, Germain Lefebvre et André Gagné
Sources :
- Album-souvenir 70ième anniversaire (1918-1988) École Notre-Dame-des-Neiges
- Album souvenir Notre-Dame-des-Neiges célèbre son cinquantenaire 1901-1951
- Ancestry
- BAnQ (Montréal-Matin 16 octobre 1963 et La Presse 15 novembre 1975)
- Photos tirées des archives de René Lebuis (fils), d'André Gagné (fils de Lucien H. Gagné) et de la famille de Mgr Paul Delorme, C.S.S.
Pour les jeunes et leurs parents, il a participé notamment à la mise en place des messes familiales et du mouvement scout de la paroisse. Ces deux activités se tenaient dans le sous-sol de l’église Notre-Dame-des-Neiges. Les messes familiales étaient ponctuées de chants et de musique populaire et rythmée, telle celle du groupe « Michel Fugain et le Big Bazar ». Ces messes entraînantes et conviviales étaient parfois suivies par des buffets concoctés par les familles participantes.
L’abbé Delorme fut également un des initiateurs de la création de la 229e meute des Louveteaux Notre-Dame-des-Neiges. Mon plus jeune frère (no 1) et moi (no 2), alors louveteaux (photo), avons participé à l’un des premiers camps d’été, dont le thème était les Schtroumpfs. J’étais le sizenier des Fauves et il était dans la sizaine des Blancs. Mon frère plus âgé, quant à lui, participait au camp comme un des cuistots bénévoles. Je me rappelle que mon plus jeune frère, qui avait étrangement développé d’excellentes habitudes sanitaires, avait été nommé le Schtroumpf hygiénique. À mesure que nous vieillissions, l’abbé Delorme, de concert avec les bénévoles, démarrait d’autres groupes. C’est ainsi que je fis partie du groupe des Éclaireurs, puis de celui des Pionniers. Quant aux filles, elles pouvaient faire partie des Jeannettes et des Guides.
S’il y a un personnage qui a marqué mon enfance, c’est bien Paul Delorme (1944-2010) qui fut vicaire de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges entre 1971 et 1977 (photo). En feuilletant l’album-souvenir du 75e anniversaire de la paroisse, je me suis rappelé les bons moments passés en sa présence. C’est avec l’abbé Delorme que j’ai vraiment réalisé l’importance de l’implication dans la vie de quartier.
Voici quelques photos prises au sous-sol de l'église Notre-Dame-des-Neiges lors de ces messes familiales. Sur une de ces photos, on voit mon plus vieux frère qui joue de la guitare et sur une autre photo, on aperçoit parmi tous les enfants devant l'autel mon plus jeune frère et plusieurs élèves de ma classe de quatrième année.
Par la suite, il allait devenir directeur du Catéchuménat diocésain de Montréal (1977-1996) et vicaire épiscopal à la région pastorale de Laval (1997-2007). Il décéda à son chalet du Lac Nominingue en 2010. L’abbé Delorme a certainement été pour plusieurs familles du quartier, dont la mienne, une source d’inspiration.
En quelques années, l'abbé Delorme a laissé de profondes traces dans la vie paroissiale et communautaire de la Côte-des-Neiges. Il a réussi à faire en sorte que les familles s'impliquent davantage dans leur communauté. Voici quelques photos prises en 1976 lors du 75e anniversaire de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges.
Sources :
- Album-souvenir du 75e anniversaire de la paroisse Notre-Dame-des-Neiges
- Photos tirées des archives de la famille Delorme